Février 2016, le narrateur séjourne dans une Grèce à nouveau malmenée, assiste à des manifestations,
et retrouve peu à peu les dernières journées de l’Hellade antique. L’un après l’autre vont alors s’avancer sur la scène de cette tragédie : un vieux musicien, le Consul Mummius, des femmes, un représentant des esclaves, l’historien Polybe présent durant ces journées, le Marat de l’époque Diaïos, le voyageur lui-même, etc.
Corinthe, défendue par le dernier stratège Diaïos, sera l’ultime ville grecque prise et détruite par Rome.
Après la Corne d’Afrique et la Chine, Jean Esponde poursuit un voyage grec entamé avec «Éphèse, l’exil d’Héraclite» en 2013, et «La Crète d’Ariane et Minos» en 2015. C’est son douzième livre.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Esponde
EXTRAIT 1
Le chef des esclaves :
Diaïos a voulu négocier avec moi parce que je suis un responsable des dockers sur le port de Léchée.
De là on peut s’éloigner facilement par le golfe de Corinthe. Il y a pensé, et moi aussi. Disposé à rendre leur liberté aux esclaves, à tout promettre, les unir au petit peuple taxé de tous côtés et maintenant en armes. Il ne savait où trouver quelqu’un, un intermédiaire, des renforts. Les gens fuient sur les routes. Je lui ai dit que s’il voulait notre appui, il fallait envoyer le même message de libération à toutes les cités d’Achaïe et pour tous les esclaves. Et j’ai ajouté sans rire : une libération définitive bien sûr, pas seulement le temps de cette guerre. Que nous devrions gagner, avec des Romains fatigués, loin de leurs bases, amoindris je suppose, et beaucoup d’entre nous ont été soldats, etc. Il était trop énervé, m’a approuvé sans comprendre.
EXTRAIT 2
Le voyageur :
L’hiver pour dépouiller un voyage. À Prague, la jeune fille dessinant devant la tombe de Kafka dans une allée déserte, les arbres comme repaire. Ou bien l’Artémision d’Éphèse, ultime colonne entourée de vase, chien errant. Il est parfois lointain le lien où s’esquisse une plénitude.
En cette saison, à l’écart du rivage, le site sans mystère est désert. Un guide erre entre les ruines. Sur le côté de la grotte sacrée, le sentier monte vers un court promontoire juste au-dessus, le musée bordé d’une terrasse.
On domine : d’un côté quelques restes de ruines, ne pas oublier les Visigoths d’Alaric après les ravages de Xerxès ou de l’armée romaine. Et bien d’autres destructeurs plus ou moins bénévoles. De l’autre, antennes de télévision, cheminées d’usines, grues, câbles, et plus loin cargos ou pétroliers, la mer.
Parfois le temps a pitié des hommes, juste un sursis. Et comme le vieux fauve blasé, leur laisse une chance.
Pas ici.